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potable et le cancer › Interview de Danone Waters
: Evian, Badoit, Volvic |
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DOSSIERS |
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Danone Waters : Evian, Badoit, Volvic
Le 09/07/2009
Mot-clé : eau |
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Nous avons donné la parole
à plusieurs responsables de la filiale "Eaux"
de Danone, qui produit des eaux minérales bien connues.
Ont répondu à nos questions : Cathy Le Hec, responsable
de l'association de protection de l’impluvium des eaux
minérales à Evian, Frédéric Rene, vice-président chargé
de la Recherche et du Développement, Isabelle Miclo,
Responsable du service Qualité et Environnement d’Evian,
et Philippe Lachassagne, responsable du service environnement
et ressources en eau d'Evian. |
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Synthèse
de l’ interview de Cathy LE HEC
Depuis une quinzaine d’années, l’APIEME (association de protection
de l’impluvium des eaux minérales d’Evian) construit un partenariat
avec les collectivités de la région d’Evian. Le principe c’est
que l’association redistribue aux communes de l’impluvium
les taxes perçues par les communes près de la source d’Evian
et ce budget sert à mener plusieurs actions. L’une d’elle
est la gestion des effluents d’élevage. Certains agriculteurs
n’allaient pas les étendre sur des parcelles éloignées par
manque de temps, utilisaient des engrais chimiques et les
effluents stockés pouvaient contaminer les eaux souterraines.
L’APIEME va permettre la mise en place du traitement de ces
effluents par compostage, qui permet de désodoriser les effluents,
de les épandre sur les champs comme engrais naturel sans gêner
les troupeaux. Le traitement de ces effluents par méthanisation
se met également en place. Elle va permettre de récupérer
de l’énergie sous forme de chaleur et de la réutiliser pour
chauffer un gymnase d’un collège de l’impluvium par exemple
ou pour le séchage dans l’industrie du bois. L’association
met en place ce type de projets qui convient à tous : à la
fois les élus, les agriculteurs et Evian car la ressource
en eau est protégée. |
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Quelles mesures ont été prises
en ce qui concerne la protection de la ressource en eau d’Evian
?
Alors il y a un choix qui a été fait, un choix qui est
très important puisqu’il définit vraiment les caractéristiques
aujourd’hui de la protection de la ressource, à Evian mais
aussi pour nos autres marques : c’est ce choix de partenariat
avec les collectivités, qui s’est traduit il y a 15 ans
en arrière par la mise en place d’une association, l’APIEME
(association de protection de l’impluvium des eaux minérales
d’Evian). Cette association réunit les eaux minérales d’Evian
donc la société, avec un représentant qui actuellement est
le directeur général, et puis réunit chacun des élus concernés
par l’eau minérale. Soit parce qu’il s’agit d’une commune
d’émergence sur laquelle sont situés les forages, donc là
il y a 4 communes, soit parce que ce sont les communes sur
lesquelles l’eau de pluie et les neiges s’infiltrent pour
alimenter le gisement hydrominéral, ce qui correspond à
9 communes.
Quel est le principe de cette association ?
Alors le principe de cette association c’est un principe
de partage financier et des responsabilités de la protection
de l’eau. Les communes d’émergence perçoivent une taxe,
qu’on appelle une taxe de colle, qui est la colle qui permet
de coller les étiquettes sur les bouteilles. Pour chaque
bouteille vendue en France, elles perçoivent une taxe, c’est
régit par le code des impôts. Les communes sur lesquelles
la protection est importante, sur lesquelles il va falloir
mener des actions pour protéger la ressource en eau, elles,
ne touchent pas de bénéfices financiers liés à l’embouteillage.
Donc le principe de l’association c’est de reverser des
fonds. Les communes d’émergence reversent une partie de
la taxe qu’elles touchent dans l’association, les eaux d’Evian
en font de même, et le budget sert à mener des actions qui
nous paraissent nécessaires sur la zone d’infiltration qu’on
appelle communément l’impluvium.

Figure 1 : Impluvium d’Evian situé sur le plateau de Gavot
©copyright photoproevent
Très concrètement, avec l’association, les élus et les
représentants des eaux d’Evian, on se retrouve à peu près
toutes les 6 semaines, autour d’une table pour faire un
point sur les projets. Donc c’est vraiment un travail en
continuité avec eux autour des projets.
Le principe important c’est donc le principe de collaboration
avec les élus. Et en fait c’est lié à un choix qui est le
suivant : soit la société des eaux d’Evian faisait le choix
de l’acquisition foncière il y a 15 ou 20 ans en arrière
pour maîtriser le territoire. Parce que ce n’est pas un
territoire désertique, il y a de l’activité humaines, des
villages, etc.. Soit c’était le choix de l’acquisition foncière
pour dire : “on est propriétaire, on gère”, soit c’est celui
du partage et de dire : “finalement vous les élus, vous
avez des responsabilités sur ce territoire là, nous nous
avons comme enjeu de pérenniser la qualité de la ressource
pour les années à venir, donc quels sont les programmes
que l’on pourrait définir ensemble pour à la fois permettre
à vos communes de se développer, que l’eau reste de bonne
qualité lorsqu’elle s’infiltre, et pérenniser les territoires
agricoles?”
Quelle est l’importance de l’activité agricole sur
l’impluvium ?
Le cœur de l’impluvium c’est à peu près 35 km² donc 3 500
ha et plus de 60% de ces surfaces sont gérées par des agriculteurs.
L’activité agricole est vraiment l’activité dominante.

Figure 2 : Une exploitation agricole de l'impluvium
du site d'Evian
C’est pourquoi en fait il n’était pas envisageable de mener
des actions de protection de la ressource sans prendre en
compte l’activité agricole. Donc tous ces enjeux ont été
partagés au niveau de l’APIEME. Et au niveau de l’agriculture,
le pari était même un peu fou il y a 15 ans en arrière,
puisque l’objectif c’était de pérenniser l’agriculture.
Pérenniser dans les années 90 où l’agriculture était montrée
du doigt parce que c’était le principal responsable des
pollutions des eaux souterraines, alors que jusqu’à présent
on affectait les risques de pollution plutôt à des activités
industrielles et autre, et là donc c’était l’agriculture
qui était montrée du doigt. Il fallait pérenniser, mais
pas n’importe qu’elle agriculture, uniquement les activités
agricoles qui soient cohérentes avec une protection de l’eau.
Alors, le choix a été fait de mettre en avant des mesures
collectives et ne pas rentrer dans un espèce de négociation
financière avec un agriculteur pour dire : “si vous engagez
un hectare, on vous financera telle hauteur, etc.”, qui
sont quelque part plus ou moins la base des programmes nationaux
ou européens. Là l’objectif c’était plutôt de définir des
programmes collectifs sur lesquels on ferait un accompagnement
technique, pour un programme qui nous semblait cohérent.
Alors quand on parle de risques pour l’activité agricole,
c’est très souvent la problématique des nitrates qui est
abordée puisqu’ils sont très présents dans les effluents
agricoles. Ici nous sommes en zone d’élevage, sur les 55
agriculteurs, tous ont des troupeaux laitiers. Donc les
premiers programmes ont déjà cerné les effluents d’élevage
en se disant : quelque soit l’effluent qui est sur l’exploitation,
le risque de pollution provient d’une surdose qui est mise
sur les parcelles par rapport à ce que la plante peut absorber,
et donc tous les surplus pourraient être lessivés c’est-à-dire
emportés vers les eaux souterraines.
Tous les programmes qui ont été menés jusqu’à présent avec
les agriculteurs n’étaient pas là pour dire : on vous interdit
de mettre plus de tant de tonnes à l’hectare, on vous interdit
de faire telle ou telle pratique. Tout le travail a été
fait sur le dialogue : “voila, expliquez nous votre fonctionnement,
expliquez nous pourquoi on a constaté que vous mettiez plus
de fumier agricole, de fumier ou de lisier sur telle et
telle parcelle et pas sur telle autre”, et là ils nous ont
expliqué que sur leurs sièges d’exploitation ils n’ont que
quelques parcelles, et il y en a qui sont très éloignées,
sur des zones de semi-montagnes. Donc qui dit éloignement
et manque de temps de travail parce qu’ils sont sollicités
sur l’exploitation, dit coût élevé. L’association a fait
appel à un entrepreneur et chaque agriculteur pouvait bénéficier
de ce qu’on appelle une aide pour les épandages éloignés.
Donc l’agriculteur pouvait transporter ses effluents en
période de forte charge de travail.
On a également aidé sur l’accompagnement des programmes
de mises aux normes au niveau du stockage des effluents
sur les bâtiments d’élevage. Parce qu’en fait on s’est rendu
compte que il y avait beaucoup de fermes qui n’avaient pas
les moyens financiers d’investir dans des capacités de stockages,
des fosses ou des plateformes et on pouvait avoir des jus
d’effluents qui s’écoulaient directement et pouvaient rejoindre
les eaux de surface, et après pourquoi pas les eaux souterraines.
Donc on a aussi mené ces programmes là. Alors l’état aidait
mais les exploitations qui avaient de gros troupeaux : plus
de 60 vaches laitières, alors que la moyenne ici est de
l’ordre de 30-35 vaches laitières. Les agriculteurs de la
région n’avaient droit à aucun programme d’accompagnement,
ou certains avaient droit mais pas tous, donc nous on a
dit qu’on allait faire en sorte qu’ils aient tous une aide
pour avoir ces équipements.
Ensuite, donc ça fait maintenant 3 ans qu’on travaille avec
eux pour aller plus loin, on s’est rendu compte que notre
choix de pérenniser les exploitations était très positif
puisque au travers les programmes que l’on a mené, on se
rend compte qu’il y a beaucoup de jeunes qui s’installent.
Dans la plupart des exploitations il y a déjà un jeune qui
attend pour reprendre. Donc ça, quand on voit le déclin
qu’il y a en ce moment sur le département, c’était une vraie
réussite. On a soutenu aussi les productions laitières,
les AOC (appellations d’origine contrôlées).
Pouvez-vous détailler le programme mis en place
sur les effluents d’élevage, sa nécessité et les actions
menées ?
Alors pour revenir sur les effluents en élevage, on s’est
rendu compte que les agriculteurs, comme ils ont des troupeaux
qui restent plus de 6 mois dans les fermes, puisque l’hiver
est trop rigoureux donc les animaux restent à l’intérieur,
quand la période de mars-avril était positive pour les épandages,
en fait ils avaient une charge de travail très importante.
Ils ne pouvaient pas étendre les effluents d’élevage sur
les parcelles sur lesquelles il y avait des prairies parce
que les vaches ne broutent pas après les effluents, du fait
de l’odeur. Egalement, comme la plupart ont arrêté les labours
pour faire de la céréale ou du mais, et bien c’est très
difficile quand on a uniquement des prairies sur son exploitation
de pouvoir faire tous les épandages. Et donc certains exploitants
gardaient sur leur exploitation des effluents d’élevage
qu’ils n’utilisaient pas et achetaient de l’engrais chimique.
Comme on veut gérer l’avenir, il faut dès à présent apporter
des solutions, parce que autant aujourd’hui ce problème
n’en est pas un pour l’eau parce que cela ne concerne pas
tous les agriculteurs, si on faisait le même constat avec
beaucoup de jeunes qui s’installent, des troupeaux qui grandissent
et qu’on n’apporte pas des solutions, on sera confronté
demain à des concentrations importantes et les aides sur
l’épandage sur les surfaces éloignées n’apporteront plus
de résultats.
C’est pourquoi cela fait maintenant plus de 2 ans qu’on
travaille avec les agriculteurs pour trouver des solutions,
et ces solutions passent par le traitement des effluents
d’élevage par compostage, et par la méthanisation. C’étaient
des traitements très bien connus par les Suisses et les
Allemands.
La méthanisation consiste à créer des espèces de fosses
fermées dans lesquelles les effluents fermentent, et de
ce fait là on récupère le méthane, qui se serait autrement
évaporé dans l’air, et ce méthane devient une énergie renouvelable.
On peut le recycler en électricité : il devient un carburant
de moteur qui fait l’électricité, et on récupère la chaleur
du moteur pour chauffer des installations. Nous avons été
avec les agriculteurs visiter ce type d’installations en
Suisse, pour savoir si cela s’appropriait au fonctionnement
qu’ils avaient eux ici, et donc on a travaillé sur un ensemble
de scénarios : combien il faut d’installations, etc. On
a fait le choix de ne pas avoir un seul site de traitement
qui serait surdimensionné et qui paraîtrait comme quelque
chose d’inaccessible. On a préféré faire plusieurs unités
et on arrive ainsi à un scénario où on leurs propose 2 sites
de traitement par méthanisation et un site de compostage,
pour tous les effluents solides. Et on traiterait dans ces
sites de méthanisation et de compostage également les déchets
verts qui sont collectés dans les déchetteries, qui sont
les tontes de gazon, les déchets de haies broyées qu’ont
les particuliers, parce qu’aujourd’hui tout ça a un coût
pour la collectivité. Les élus voyaient aussi d’un bon oeil
cette même logique de dire : “pourquoi envoyer à des kilomètres
traiter ailleurs ce qu’on pourrait du coup traiter sur place”,
et cela aurait une vraie utilité pour la fertilité des parcelles.

Figure 3 : Traitement des effluents par compostage,
qui sont ensuite recouverts par une bâche. Le processus
dure 6 semaines et la machine passe de façon hebdomadaire.
Une fois traités, les effluents n'ont plus d'odeur, sont
exempts de bactéries et sont utilisés comme engrais naturels
En plus quand on fait le bilan de tout ça au final les
effluents n’ont plus d’odeur, la réglementation de ce type
d’effluents est assouplie donc les agriculteurs n’ont plus
de limites d’épandages par rapport aux habitations etc.,
parce qu’ils avaient plus de 100 mètres à respecter si les
effluents ne sont pas traités. Du coup on gagne de la place
pour l’épandage. Ensuite on a beaucoup plus de souplesse
puisqu’on ne gène plus l’animal donc on peut faire de l’épandage
là où les troupeaux vont brouter. Donc finalement, avec
ces effluents traités, on retrouve tous les avantages que
les agriculteurs retrouvaient dans les engrais chimiques
(facile à transporter, ça ne sent pas, etc..). Avec les
effluents traités, ça devient une source de fertilisation
suffisante et les agriculteurs n’auront plus besoin d’avoir
recours aux engrais chimiques.
Donc pour les agriculteurs c’est une économie, c’est une
meilleure intégration par rapport à l’image de leur métier
auprès des habitants, notamment parce que l’exploitation
agricole ne sent pas bon et l’habitant qui vient habiter
là, aime bien le côté rural mais il a parfois du mal à supporter
l’agriculture! Donc ça c’était important aussi pour les
agriculteurs d’avoir ce rôle de traitement des déchets,
et d’avoir ce rôle de service qu’il avait dans le passé
quand il fournissait à son voisin les oeufs, le lait, etc.
Donc le but était aussi de recréer du lien. Et puis les
élus, ils voient d’un bon oeil ce type de traitements qui
pourra traiter les déchets des assiettes des cantines scolaires.
On peut aussi fournir de la chaleur pour leurs propres projets,
notamment le projet de gymnase à côté d’un collège, qui
sera construit l’année prochaine. Donc la chaleur issue
du méthaniseur sera utilisée pour chauffer le gymnase, et
il y aura toute une pédagogie autour des énergies renouvelables.
Et l’autre site de méthanisation permettrait de préchauffer
l’eau pour la coopérative laitière. C’est un site utilisé
par un industriel pour transformer le lait en fromage, notamment
le fromage Abondance qui est d’Appellation d’Origine Contrôlée.
Et ce local en fait appartient aux agriculteurs. Donc le
fait de compléter les atouts techniques de cet atelier,
de façon indirecte, les valorise, et aussi le surplus de
chaleur servirait soit à chauffer des logements sociaux,
soit d’associer au méthaniseur d’associer un local de séchage
du bois, pour le chauffage des particuliers ou des mairies.
On pourrait donc aussi s’associer à la filière bois qui
est en train d’émerger.
Grâce à ce programme, via les déchets verts, même
les particuliers y trouveraient leur compte ?
Oui les déchets verts seraient placés juste à côté de la
déchetterie communale qui réunit les déchets de plusieurs
communes. Et notre objectif c’est de permettre aux habitants
qui amènent leurs déchets verts à la déchetterie de pouvoir
prendre une part de compost pour leur jardin, et là encore
de pouvoir faire une démarche participative avec eux, en
leur donnant une nouvelle manière d’entretenir leur potager,
et d’abandonner les engrais, etc.
Le concept clé est donc la démarche participative
?
Oui, en résumé dans la démarche, très concrètement, les
financiers de ces installations ce ne sont pas les agriculteurs,
ce sont les eaux d’Evian, l’APIEME, la région, le conseil
régional, l’agence de l’eau, etc. Finalement cela fait plus
de 2 ans qu’on travaille avec eux pour définir quels seront
les meilleurs traitements. Ensuite on met à disposition
les équipements techniques, on construit avec eux des filières
d’épandage collectif, donc ce n’est pas chaque agriculteur
qui amène ses effluents et qui ira les épandre, on fait
une démarche collective ce qui permet pour la protection
de l’eau d’avoir une parfaite traçabilité sur la qualité
du traitement et de là où ce sera épandu, avec un cahier
des charges précis. Et notre démarche collective intéresse
les agriculteurs parce que pour eux c’est un gain de temps
incroyable, parce qu’ils passent des jours et des semaines
sur la gestion des effluents et la fertilisation des parcelles.
Donc c’est un temps qu’ils pourront consacrer à leur production
laitière. Ensuite c’est une économie sur l’utilisation de
fuel mais aussi en terme de machinisme agricole. Et puis
c’est une avancée aussi en terme de partenariat au niveau
de leur commune, comme je vous le disais tout à l’heure.
Voila donc en fait, on a su autour de ce projet, apporter
des solutions qui sont de l’ordre du gagnant-gagnant. L’association,
les élus et les agriculteurs, tout le monde y gagne.
Jeudi dernier, j’ai présenté ce projet là. Parce qu’en fait
quand l’APIEME a été créé, les agriculteurs ont eux créé
une SICA, qui est un syndicat agricole, justement pour se
rassembler et pouvoir discuter avec l’APIEME et avec les
eaux d’EVIAN. Et donc ce SICA fonctionne avec un président
et des agriculteurs qui sont élus. On a établit avec eux
un comité technique qui réunit le président de la SICA et
puis 2 agriculteurs de chaque commune. On se rencontre tous
les mois ou tous les 2 mois et on a bâti le projet avec
2 bureaux d’études. Et c’est aussi avec eux que j’ai organisé
des visites, etc., qu’on est allé voir ce qui se fait ailleurs
sur le département ou sur la Suisse. Et donc jeudi dernier,
on présentait le projet et le déroulement, puisque maintenant
on va faire les dossiers administratifs, avec une projection
de construction pour 2011. Donc on avait convié l’ensemble
des agriculteurs pour qu’on soit tous au même niveau d’information
sur ce projet. Et je dois dire que les retours sont très
positifs. On apporte des solutions techniques mais on a
travaillé avec eux pendant 2 ans. En plus des visites, on
leur a permis de faire du compostage en plein champ. Le
compostage c’est quelque chose qui existait sur d’autres
communes mais qui n’existait pas sur les territoires à ces
altitudes là. Donc on s’est dit voila, ça existe ailleurs,
dans le Jura, ailleurs dans le département, si vous voulez
vous essayez chez vous. Ils se sont dit “ah oui tiens on
arrive pas à faire une super qualité mais ça peut être intéressant”.
Ensuite ils disent “oui, mais moi j’ai un peu abîmé le bord
de ma parcelle, ça serait mieux de faire une plateforme”.
Donc j’ai dit “oui d’accord une plateforme mais on pourra
pas traiter les effluents liquides”. Et donc voila c’est
comme ça qu’on a construit le projet. Comme une équipe projet
dans une usine finalement, où on associe tout le monde et
puis chacun amène sa pierre à l’édifice. Et on a fonctionné
de la même façon avec les élus, en disant “ah bah oui mais
si on fait de la éthanisation, du coup quels seraient les
déchets qui seraient intéressants de traiter ?” et ils nous
ont répondu que oui ils ont des déchets qui leur coûtent
tant par ans, et si cela n’aurait pas intérêt pour nous,
et voila ça a fait boule de neige.
N’y a t-il pas des risques de contamination par
certaines bactéries ou autres par l’épandage d’effluents
sur les champs ?
Sur l’aspect traitement des effluents, sur les aspects sanitaires,
comme il y a une montée de température, ça hygiénise complètement
les effluents d’élevage, donc il n’y pas de risques dus
aux coliformes et autres types de bactéries qui pourraient
être présents dans les effluents, vu qu’ils seront traités.
Le traitement hygiénise complètement le produit.
Ensuite sur les autres types de risques du type des pesticides,
contrairement à l’eau potable, l’eau minérale doit être
complètement pure donc exempte de ce types de contaminants.
Donc en fait on avait travaillé avec l’INRA et depuis des
années on s’était penché sur les niveaux de risques liés
à certaines molécules, et bien avant que l’état interdise
l’atrazine on avait déjà fait ce choix là sur le territoire.
On avait défini une autre molécule de substitution à l’atrazine
avec l’INRA, qui paraissait beaucoup moins à risque par
rapport à la protection de l’eau.
En parallèle, on a travaillé avec les agriculteurs pour
bien définir les exploitations pour lesquelles la production
de maïs était indispensable. Il ne s’agit pas de dire “il
n’y a plus aucun maïs”, mais il s’agissait de dire “définissez-vous
maintenant si c’est une culture indispensable pour vous”,
ce qui a permis de réduire cette production. Alors on parle
là de 2 600 hectares agricoles, il y avait à peu près 80-960
hectares de maïs il y a une dizaine d’années, aujourd’hui
il y en a entre 50 et 60 hectares chez les agriculteurs
qui en ont vraiment besoin pour leurs troupeaux. Et sur
ces cultures là, il n’y a bien sûr plus du tout d’atrazine.
Egalement on est en train de démarrer un programme pour
tester le désherbage mécanique, avec le soutien de la Chambre
d’Agriculture, pour pouvoir réduire au maximum tout apport
de pesticides.
Nous avons donc abordé les programmes agricoles,
quels sont les autres programmes pour la protection de la
ressource ?
Il y a aussi les programmes liés à la présence de la population.
Il y a à peu près 6 000 habitants sur l’ensemble de l’impluvium,
c’est un milieu rural où les villages sont relativement
dispersés. On a vraiment fait un projet très ambitieux avec
les communes pour construire une station d’épuration, et
puis déployer le réseau de collecte des eaux usées. En fait
pour ces communes rurales tous travaux de collecte représentent
des sommes astronomiques, donc les élus menaient ces projets
mais ça pouvait perdurer pendant des années. Donc on les
a aidé financièrement pour activer ces projets là. Mais
après on les aide également sur l’expertise du type de traitement,
c’est-à-dire sur quel secteur on peut conduire un assainissement
individuel, quels sont les moyens de contrôler que ça fonctionne,
quels sont les réseaux de surveillance que l’on fait. On
prélève en fait différents points de ruisseaux, de sources
etc.. pour arriver à diagnostiquer des maisons qui ne seraient
pas assainies. On a fait tout un travail comme ça pour améliorer
le traitement des eaux usées. C‘est un autre point important.
L’objectif était aussi de protéger le réseau hydrographique
et les marais, puisque les marais étaient il y a 10 ou 15
ans le lieu de déversement des eaux usées, car ils ont une
capacité épuratoire impressionnante. En fait tous ces programmes
d’assainissement permettent de protéger les marais et ils
continuent à filtrer d’autant mieux l’eau qui tombe sur
leurs bassins versants. Tous ces travaux là, de préservation
des parcelles sur lesquelles sont situés les marais, et
les aménagements des installations pour éviter qu’ils soient
pollués, a été reconnu par RAMSAR, qui est la convention
internationale pour protection des zones humides, et l’impluvium
est classé site RAMSAR depuis octobre 2008.
Ce label récompense les eaux d’Evian et les élus pour avoir
très tôt perçu ces territoires comme ayant des enjeux faunistiques
et floristiques mais aussi des enjeux de patrimoine par
rapport au passé, et puis des enjeux par rapport à la filtration
de l’eau et la protection de l’eau douce. C’est à peu près
200 hectares de zones humides qui filtrent 30% de l’eau
qui alimente le gisement minéral, donc ça avait un enjeu
important pour l’eau. Mais toutes ces actions complètent
la sécurisation du filtre et la qualité de l’eau qui s’infiltre.
Enfin l’association épaule les élus pour définir des programmes
d’énergie renouvelable ou autre sur leurs communes. Et en
parallèle on a des études d’experts d’un bureau d’études
qui est basé à Toulouse, qui ont été les premiers à travailler
avec le Ministère sur le type d’évaluation des émissions
carbone sur les exploitations agricoles. Ils sont en train
de réaliser 25 bilans carbones sur 25 exploitations agricoles,
sur les 55 qui sont présentes, en vue toujours d’être en
avance, parce qu’on pense que dans les années à venir, le
bilan carbone pour une exploitation sera incontournable
pour percevoir les aides de la PAC notamment. Donc on essaie
d’être toujours un peu dans le rôle de site pilote pour
préparer l’avenir avec les agriculteurs. On leur donne des
recommandations sur les installations qu’ils peuvent faire
sur leurs sites pour réduire leur consommation en énergétique,
donner des pistes d’action.
Toutes ces actions sur les zones humides et les
énergies renouvelables sont bien évidemment en lien avec
l’objectif fixé par Franck Riboux qui vise la neutralité
carbone pour le site d’Evian en 2011.
Oui aujourd’hui l’expertise d’Evian est reconnue mondialement
du fait qu’on soit classé site RAMSAR. L’engagement est
de compenser cette neutralité en réhabilitant les zones
humides, et Franck Riboux a choisi les mangroves qui sont
les plus importantes dans l’absorption du CO2 sur la planète.
Et il se trouve qu’en 20 ans les mangroves ont été détruites
à hauteur de 25% à peu près et du coup il y a un véritable
enjeu quand on parle d’emprunte carbone, pour le réchauffement
climatique. Donc réhabiliter ces zones humides, c’est important
pour la neutralité carbone d’Evian mais c’est aussi en lien
avec ce qu’on fait ici et l’expertise qu’on veut déployer
ailleurs. C’est aussi un projet des écoles de protection
de l’eau qui a été mené l’année dernière, de faire un programme
en envoyant des salariés dans 3 pays, au Népal, en Argentine
et en Thaïlande, pour aller avec des ONG locales trouver
de l’aide et des programmes autour de la réhabilitation
des zones humides. Ces zones sont de véritables reins de
la planète puisqu’elles participent à la filtration de l’eau
et sont aussi une source de revenu très importantes pour
les populations locales, où on trouve de la pêche, voire
du tourisme, puisque c’est près de lacs. Il y a donc 3 salariées
qui sont parties, qui viennent de rentrer donc on n’a pas
encore toutes les retombées mais on a déjà des témoignages
qui sont très riches à la fois au niveau humain et au niveau
des programmes que l’on peut mener auprès des populations
locales.
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Synthèse
de l’ interview de Frédéric RENE
Concernant la protection des ressources, la première étape
est de monter une cartographie pour définir l’impluvium, puis
d’établir des accords avec les collectivités locales des régions
concernées pour protéger l’eau et renforcer la biodiversité.
Pour ce qui est de l’impact écologique, souvent reproché aux
eaux embouteillées, il est bon de savoir qu’il faut 2,5 L
d’eau pour produire 1L d’eau potable, et seulement 1,6L d’eau
pour produire 1L d’Evian. Le matériau utilisé, le PET, est
utilisé pour sa grande transparence, sa souplesse et sa recyclabilité
totale et parfaite. De plus Frédéric René insiste sur le fait
que le PET ne contient aucun phtalates et ne peut pas contenir
de bisphénol A. Le problème actuellement des bouteilles ne
vient pas du matériau utilisé mais des pratiques de recyclages
des français qui ne sont pas assez développées. Les objectifs
de Danone sont de devenir carbone neutre d’ici 2011-2012 et
de monter des projets validés par RAMSAR pour la création
et la restauration de zones humides sous des zones de captures
de carbone. Enfin, les quatres axes de recherches majeurs
chez Danone, dirigés par M. René, sont : la confection des
emballages, les matériaux de demain, la compréhension des
systèmes hydriques et la physiologie humaine. |
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Comment s’effectue la protection
de vos ressources par rapport aux activités humaines au niveau
de l’impluvium ?
Alors, avant d’aborder la question de la protection, il faut
d’abord déterminer les limites de l’impluvium. Ce sont de
longues investigations scientifiques qui ont permis de dire
que l’eau d’Evian qui sort à la source Cachat vient exactement
de la zone du plateau de Gavot et que la surface concernée
par l’infiltration (c.à.d. l’impluvium) correspond à cette
zone. Donc nos premières études scientifiques sont des études
hydrogéologiques (chacune dure au minimum 1 an pour connaitre
les impacts des saisons sur le système) et qui permettent
de définir l’impluvium ainsi que le système hydrogéologique.
Une fois qu’on a délimité l’impluvium, il faut identifier
les impacts environnementaux des activités humaines. Comme
il s’agit de zones rurales aussi bien pour Volvic que pour
Evian, il n’existait dessus que des activités traditionnelles
et des cultures non intensives. Un des rôles de Danone a été
de faire prendre conscience aux habitants des communes qui
exploitent la source d’Evian, située en bas, et qui reçoivent
tous les dividendes d’exploitation de la source liés soit
aux thermes soit à la cession des droits d’exploitation (à
Danone dans le cas présent), que ces personnes avaient un
intérêt commun équitable avec les gens de la zone de l’impluvium
située sur le plateau et qui eux ne bénéficiaient pas des
revenus liés à l’activité d’embouteillage. Une des premières
choses ça a été de les mettre en contact et de leur faire
prendre conscience de leur interdépendance et bien évidemment
l’idée a été de créer un groupement, l’APIEME (Association
de Protection de l’Impluvium des Eaux Minérales d’Evian),
avec Evian, de manière à mettre des gens en partenariat et
à édicter des règles de bonnes pratiques pour que l’un et
l’autre puisse se développer.
Dans le cadre d’Evian, ça n’a concerné que des communes et
beaucoup de représentants agricoles. Ce qui s’est passé c’est
qu’il y a eu par exemple la suppression de toutes les cuves
à fuel enterrées il y a des années de cela. Et puis il y a
eut tout un bénéfice de développement d’agriculture de type
traditionnelle voire bio comme la production de lait bio qui
a trouvé un débouché naturel dans une appellation d’origine
contrôlée. Le fromage Abondance en est un exemple et fait
une valorisation supplémentaire pour les agriculteurs-producteurs.
Et donc les fonds qui ont été mis dans cette association :
une partie vient des communes d’émergence dont la ville d’Evian,
une autre partie vient de Danone. L’association intègre en
plus les communes d’infiltration et l’administration. Ces
gens là travaillent maintenant en bonne harmonie. La première
des choses c’était la protection de l’impluvium pour que ce
soit du gagnant-gagnant et que tout le monde y trouve un intérêt
et de la valeur. Ce n’est pas non plus récent chez Danone,
l’APIEME a été créée en 1992 et son équivalent à Volvic, le
CEPIV, en 1994.
Après ça a été plus loin pour créer et même renforcer la biodiversité.
Par exemple, dans le cas de Volvic, la moitié de l’impluvium
ce sont des bois qui ne sont pas du tout exploités donc là-dessus
il faut juste s’assurer qu’il n’y ait pas d’installation d’entreprises
polluantes. Il se trouve que l’un des maires d’un des villages
impliqué dans la zone de l’impluvium est aussi un membre actif
de la LPO (Ligue pour la Protection des Oiseaux). Il parle
justement du nombre d’espèces d’oiseaux protégés et renichés
dans cet espace. Donc il y a des bénéfices annexes comme cela
et puis dans le cadre de Volvic il y a une autre petite particularité
intéressante, il y a eu une grosse mobilisation pour éviter
que l’autoroute ne passe à travers cette zone et donc la protéger.
Concernant la partie de voie ferrée qui le traverse, il y
a une entente avec la SNCF de manière à ce qu’elle n’utilise
pas de désherbant chimique pour entretenir les voies mais
des systèmes pour les brûler. Comme vous pouvez le voir, ça
va jusqu’à des détails précis pour protéger la zone d’infiltration.
Danone exporte cette façon de procéder dans l’ensemble des
pays où on est présent. Quand je dis « exporte » c’est le
modèle et les savoir-faire, après il faut prendre en compte
l’environnement et les politiques locales, les zones géographiques
mais c’est exactement la même approche qui est utilisée, à
la fois en terme de protection de l’environnement, en terme
de développement durable au dessus de l’impluvium pour que
ce ne soit pas des zones inutilisables. L’intérêt c’est que
les gens puissent aussi bénéficier de cette nature protégée.
Donc vous avez beaucoup de données à ce sujet ?
Là où on a le plus de données c’est pour la plus ancienne
de nos eaux naturelles donc Evian. On a au moins 40 ans d’études
scientifiques régulières faite sur la compréhension du système
hydrogéologique d’Evian. Avec notamment l’aide d’un professeur
de l’Université d’Avignon très connu en France, le professeur
Blavoux. On a grâce à ça permit à des scientifiques de mettre
au point des techniques qui sont devenues aujourd’hui des
références par exemple pour la datation des eaux et la détermination
de leur origine. Le Prof. Blavoux a notamment développé une
méthode de dosage isotopique appliquée à l’eau qui nous permet
d’affirmer que l’eau qu’on retrouve dans l’eau d’Evian est
bien une eau qui s’est infiltrée à une altitude de 1050 mètres
et âs une autre. Cette composition isotopique que l’on retrouve
à l’émergence correspond à celle des eaux de pluie trouvées
à ces hauteurs. Ce qui nous donne une garantie de l’altitude
et ensuite avec cette altitude - qui correspond au plateau
de Gavot -, on a aujourd’hui la connaissance de la zone exacte
d’infiltration de l’eau pour alimenter la source Cachat.
Pour l’eau du robinet il faut à peu près 2,5 litres
d’eau pour produire 1 litre d’eau potable, y a-t-il un ratio
pour l’eau minérale Danone ?
Oui c’est ce qu’on appelle le ratio sur l’eau, on est aux
environs de 1,6 litres. C’est en comptant tout, c’est à dire
toute l’eau qui est utilisée pour la mise en bouteille de
l’eau d’Evian. C’est un ratio standard pour toutes les eaux
en bouteille et beaucoup plus faible que pour n’importe quelle
autre boisson formulée.
C’est nettement inférieur à l’eau du robinet.
Tout à fait. Et plus, on a aussi la volonté de restituer l’eau
non embouteillée de manière naturelle à l’environnement. Il
y a en projet et en pilote un jardin filtrant qui est un système
d’épuration naturel qui permet de restituer les eaux de service
à la nature.
L’impact écologique au niveau de l’utilisation des
bouteilles en plastique est-il également mesuré ?
Oui tout à fait. On a un énorme projet autour de ça. On a
plusieurs choses. D’abord on s’est intéressé à mettre en œuvre
les meilleures qualités de plastique tant en production qu’en
recyclage et aujourd’hui on est sûr du PET qui permet d’avoir
une grande transparence, une relative souplesse de mise en
œuvre et également une recyclabilité totale et parfaite. Quand
je dis totale et parfaite c’est-à-dire qu’on a un programme
qui a permis et permettra de diminuer au moins de moitié en
dix ans l’impact écologique de nos bouteilles. Cela signifie
qu’en pourcentage on a réduit et qu’en valeur absolue aujourd’hui
on génère moins de CO2.
Et notre objectif pour 2011-2012 s’est d’arriver à être neutre
au niveau carbone de manière positive en continuant à réduire
le poids de nos bouteilles et à optimiser les quantités de
plastique que l’on met en œuvre mais également par une autre
voix qui est le recyclage du PET pour les applications de
fabrication de bouteilles. Aujourd’hui quand vous achetez
des bouteilles d’Evian ou de Volvic, vous avez 25 % de cette
bouteille qui est constituée d’un PET qui a été recyclé. Donc
c’est un moyen de réduire l’empreinte carbone en diminuant
la partie produite. Et au niveau de la partie énergie mise
en œuvre, il y a un gros travail pour utiliser les énergies
nouvelles et également réduire l’impact environnemental. On
est très aidé en France par le fait d’utiliser le chemin de
fer. Dans l’usine d’Evian, il y a une gare donc la majorité
du transport se fait par train.
Et le troisième volet c’est le volet dit de la compensation
c’est à dire la construction par Danone de projets - qui sont
validés par RAMSAR, l’organisation internationale sous l’égide
de l’UNESCO, - pour la création et la restauration de zones
humides qui sont des points de capture du carbone. Pourquoi
on le fait avec les zones humides ? Parce qu’on a une direction
de l‘environnement qui s’est préoccupée de la façon de réduire
notre empreinte carbone et que tout le monde dans la boutique
se sent préoccupés de ce sujet en se disant qu’on ne veut
pas simplement acheter du « crédit carbone » et se dire ensuite
que ce n’est plus notre problème.
On veut vraiment faire quelque chose qui soit basé sur une
combinaison gagnante pour tout le monde. On a choisi les mangroves
parce que un : c’est ce qui absorbe plus de CO2. Et également
car c’est quelque chose qui séquestre le carbone, c’est-à-dire
que quand la plante se dégrade, elle se transforme en sédiments
qui restent dans la lagune et qui devient une nourriture pour
les algues mais également pour d’autres animaux puisque ça
devient un refuge. Ce carbone est « piégé ». A l’inverse du
bois qui, quand il est brûlé, libère le carbone qu’il avait
absorbé. On a trouvé ça particulièrement intelligent d’autant
plus que dans les zones dans lesquelles on doit le faire (comme
le Sénégal qui est notre projet pilote), cela a aussi un avantage
économique local puisque ça recrée de l’activité, ça recrée
des ressources notamment pour la pêche. Et ça a aussi un autre
avantage, c’est que la plupart du temps c’est une protection
naturelle qui minimise les conséquences des typhons et tempêtes
tropicales et les dégâts qu’ils pouvaient causer. Ce n’est
pas la voie la plus facile mais ça nous a paru être la voie
la plus vertueuse de manière à compenser le carbone de la
partie qu’on n’arrivera jamais à supprimer.
Je voulais vous apporter un éclairage sur les PET parce que
c’est une question qui nous revient assez souvent. Une des
problématiques de la bouteille plastique est que dans le passé,
les matériaux plastiques qui n’étaient pas d’une qualité environnementale
exemplaire ont été abondamment utilisés. Donc ça a été un
problème parce que ces matériaux, personne ne savait trop
quoi en faire et ils ont pour beaucoup été brûlés dans des
décharges tels quels ou dans des usines qui à ces époques
n’étaient pas forcément équipées pour avoir des rejets contrôlés.
Donc ça a généré une problématique réelle qui n’a bien été
prise en compte que plus tard, notamment par la recherche
de copolymères qui ont des propriétés complètement différentes
comme le PET. Il y a des copolymères qui sont complètement
inertes aux températures où on les utilise et ce sont des
polymères qui se réutilisent facilement dans d’autres filières.
Je prends le PET, jusqu’à présent toutes les bouteilles qui
étaient recyclées ont été transformées en moquette d’habitation,
tapis de voiture, polaires… et aujourd’hui on sait fabriquer
beaucoup d’autres pièces à partir de ce PET recyclé. Ca peut
être des capots de téléphone, des pièces d’aménagement intérieur
d’automobiles ou de trains, … Notre question aujourd’hui n’est
pas tellement de trouver des débouchés pour le recyclage du
PET car ça il y en a beaucoup. Et avec l’augmentation du pétrole
brut de toute façon c’est un gisement qui va être créateur
d’applications, qui l’est déjà, mais qui pour moi est une
source de valeur ajoutée pour le futur autant en emplois qu’en
création de richesses. Parce qu’un des problèmes majeurs de
la bouteille aujourd’hui et des autres emballages c’est le
manque de tri et de recyclage. Et en France on n’est pas trop
mal, on doit être à 60%. L’Allemagne est bien plus élevée
à 80-85%. Par contre l’Angleterre c’est faible, 20% je crois.
Là on a monté quelque chose d’expérimental à Glasgow pour
commencer à ce que l’on trie et recycle beaucoup plus. Et
en fait du coup, le volume du recyclage n’est plus du tout
un problème puisqu’au contraire ça devient une matière première,
ça crée une activité qui est à la fois économique et créatrice
de valeur ajoutée.
Le PET est de très bonne qualité mais n’y a –t-il
pas de risques de résidus de phtalates ? ou bisphénol A ?
Pour le PET, que ce soit clair, il y absolument zéro phtalates
et il ne peut pas y avoir de bisphénol A. Le bisphénol A peut
venir du polycarbonate (qui est un matériau plastique différent
du PET) qu’il constitue mais à des niveaux de traces. Alors
ceci étant dit, une de nos obsessions c’est de bien maîtriser
tout ça. On a donc un contrôle très sérieux et on fait faire
un grand nombre d’analyses quotidiennes chez nous mais aussi
à l’extérieur pour bien le valider et ne pas avoir de mauvaise
surprise. On garantit et on fait valider nos matériaux comme
tous nos confrères de la profession.
Quels sont les axes de recherche principaux aujourd’hui
pour l’eau chez Danone ?
On a un axe très fort sur tout ce qui est confection des emballages.
On utilise des techniques avancées et des techniques de pointe
de simulation numérique qui nous permettent d’optimiser au
maximum le design et le poids de nos bouteilles. C’est-à-dire
qu’on est capable de faire quelque chose qui est à la fois
« stylé » au sens créatif du terme et en même temps très efficace
avec un poids minime. Ce premier axe réduit l’empreinte carbone
et nous fait progresser sur l’utilisation des matériaux et
sur la façon dont on peut optimiser nos machines
Le deuxième axe est : le PET, c’est bien mais quels sont les
matériaux de demain ? Je suis convaincu que le futur sera
dans des biomatériaux. D’un point de vue théorique aujourd’hui,
on saurait faire des bouteilles qui seraient 0% d’origine
pétrole car une partie peut venir du recyclage mécanique du
PET, ce que l’on fait déjà à l’heure actuelle, une autre partie
peut venir d’un recyclage « chimique » c’est à dire qu’on
décompose la molécule de PET pour recréer des molécules simples
et on re-synthétise un PET normal en utilisant une autre source
de molécule qui elle serait produite par des micro-organismes
de manière naturelle à partir de plantes par exemple. On regarde
où en sont les travaux sur ces matériaux et comment on peut
promouvoir cette recherche, comment on peut mettre en application
ce genre de nouveaux matériaux chez nous, comment on va le
faire homologuer… On est intéressé par les produits dits de
deuxième génération qui représentent la capacité que l’on
a de synthétiser ce genre de molécules à partir notamment
de sucres. Toutefois on rentrerait ainsi directement en compétition
avec des utilisations pour l’alimentation et les biocarburants.
On sait que ce n’est pas notre avenir parce qu’il est beaucoup
plus utile et vertueux d’utiliser la partie noble des plantes
pour la nourriture ou pour fabriquer du biocarburant que de
fabriquer des emballages avec. Donc ce qui m’intéresse moi
à terme c’est plutôt la troisième génération, c’est-à-dire
la partie non valorisable des plantes : la tige, la feuille,
et démarrer de la cellulose et la lignine par exemple.
Ensuite on a un autre axe très fort chez Danone qui concerne
tout ce qui est lié à l’hydrogéologie. Malgré ce que je vous
ai expliqué tout à l’heure sur Evian, on ne connaît pas tout
et on fait face à beaucoup de situations complexes, donc on
continue de développer des nouvelles méthodologies de recherche
d’eau et de compréhension des systèmes hydriques dans différents
pays pour nos nouvelles sources de manière à valider que leurs
caractéristiques permettent d’en faire une eau minérale naturelle.
C’est-à-dire quelque chose qui est bon pour la santé, parfaitement
sain, qu’on n’a pas besoin de traiter, qui est non touché
par l’homme et qu’on puisse protéger efficacement.
Un autre volet concerne la physiologie humaine et le rôle
des eaux - notamment des eaux minérales naturelles - sur la
santé humaine. Il y a plusieurs aspects. Certains aspects
sont assez évidents – même si paradoxalement parfois contestés
! -, on travaille sur l’hydratation, on a des travaux sur
les bénéfices de l’eau et les bénéfices d’une bonne hydratation
que l’on voudrait pousser pour qu’il y ait plus de recommandations
précises sur les quantités d’eau à boire quotidiennement.
Un peu à l’image de ce qui se fait sur les quantités de calories
ou un système similaire. Je trouve ça étonnant que l’on ait
réussi à faire un travail exceptionnel sur les calories, qui
concerne tout le monde et qui donne des valeurs concrètes
alors qu’on se pose des questions sur l’eau. Aujourd’hui dans
la population normale de pays avancés, on sait qu’il faut
2 000 kcal pour une femme et pour un homme 2 500 comme repère.
C’est très dépendant de l’activité des personnes mais aussi
de leur physiologie et de leur nature. Cette valeur repère
nous permet d’avoir une base que l’on peut adapter en fonction
de notre taille ou activité. Ces valeurs repères si vous regardez
sur l’eau, elles n’existent pas. On dit boire de l’eau à volonté,
on dit de boire quand vous avez soif. Aujourd’hui les experts
vont nous dire que la soif c’est un signal d’alerte, c’est
un signal corporel qu’il est déjà trop tard. D’un autre côté
c’est fait exprès parce que si on avait soif dès que l’on
manquait d’eau, jamais les hommes préhistoriques n’auraient
pu quitter les points d’eau et commencer à explorer leur environnement
ou chasser des animaux. Par contre, cela ne veut pas dire
que ce soit un état qui soit bon. On sait aussi que la sensation
de soif disparaît avec l’âge ou certains facteurs émotionnels
donc je pense que des recommandations seraient importantes
et nous sommes disponibles pour y contribuer. Notre première
conviction est que l’eau est la meilleure proposition que
l’on puisse faire à son corps. On doit être simple, l’eau
est tout ce qui est nécessaire et pour sa santé il vaut toujours
mieux boire de l’eau qu’autre chose.
Pour l’instant, vous êtes surtout axé sur les nourrissons
avec des eaux très pauvres en minéraux.
Si on est convaincu que l’eau est ce qu’il y a de plus sain,
parmi les différentes eaux, j’ai la conviction que les eaux
minérales naturelles présentent une supériorité par rapport
aux eaux processées ou aux eaux banales de surface. Par exemple
je sais parfaitement d’où elle vient, quelle est sa composition,
et je peux garantir que cette composition est stable. Je garantis
que s’il n’y a pas de cataclysme ce sera toujours la même.
Donc c’est déjà une différenciation par rapport à d’autres
types d’eaux processées pour lesquelles je ne suis pas du
tout confiant pour dire qu’il n’y a pas de variation, jamais
de risque et que l’on sait d’où elles proviennent.
Le troisième volet que vous abordiez avec votre question est
que certaines eaux minérales naturelles ont des propriétés
santé différentes. Nous on a la chance en France, d’avoir
des sources qui sont faiblement minéralisées et d’avoir aussi
des eaux particulièrement adaptées à des périodes très précises
de la vie comme par exemple pour les nourrissons. C’est un
axe sur lequel on est toujours en train d’investiguer, de
remettre à jour nos connaissances pour vraiment regarder tous
les bénéfices que nous pouvons en tirer à la fois en terme
de santé mais également en terme d’actions de santé ou de
protection. |
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Synthèse
de l’ interview d'Isabelle MICLO
L’eau d’Evian se différencie des autres eaux minérales par
son faible taux de minéralisation, tout comme l’eau de Volvic.
Elle est de ce fait tout à fait adaptée à la consommation
quotidienne et pour les nourrissons. Le service qualité d’Evian
regroupe 50 personnes dont 20 “fontainiers” qui sont les seules
personnes habilitées à entretenir le matériel en contact avec
l’eau. Isabelle Miclo détaille les fréquences de nettoyages
de 14 lignes et les nombreuses analyses quotidiennes en routine,
ainsi que les laboratoires d’analyses et fournisseurs sollicités.
Une hydrothèque, constituée par le prélevement d’une bouteille
sur chaque ligne toutes les heures garantit une traçabilité
parfaite en plus du codage habituel. Egalement, les problématiques
de recyclage, d’énergie renouvelable et d’écoconception ont
abordées dans cette interview. Par exemple, une bouteille
est constituée à partir de 25% de PET recyclé et un jardin
filtrant va être mis en place à la fin de l’année pour utiliser
les effluents, qui contiennent du phosphore et de l‘azote
nécessaires à la croissance des plantes, ce qui va permettre
d’ annuler leur impact. |
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Comment se différencie l’eau
d’Evian des autres eaux minérales ?
Les eaux minérales naturelles sont classées selon leurs taux
de minéralisation. Il existe des eaux comme Evian, et Volvic,
qui sont faiblement minéralisées (la teneur en sels minéraux
se calcule en mesurant le résidu sec à 180°C, il doit être
< 500mg/l pour une eau faiblement minéralisée, or Evian
est à 309 mg/l).
Outre sa faible teneur en minéraux, l’eau minérale naturelle
Evian a une composition équilibrée, elle est riche en calcium,
contient du magnésium et des bicarbonates. Elle est en revanche
très pauvre en sodium, nitrates et sulfates, ne contient pas
de plomb et son PH est neutre. Cette composition unique en
fait une eau tout particulièrement recommandée pour les femmes
enceintes et les nourrissons, dont l’organisme est fragile
et le système rénal, digestif et immunitaire encore en développement.
Pour l’eau de bébé, il convient de choisir une eau pure et
faiblement minéralisée telle que l’eau minérale naturelle
Evian qui répond aux recommandations de l’AFSSA.
L’idée de devoir changer d’eau minérale est fausse, ce n’est
valable que dans le cas d’eaux minérales très riches en minéraux
qui sont prises de façon ponctuelle. Il faut bien différencier
une eau faiblement minéralisée d’une eau riche en minéraux,
ce n’est pas la même chose! Ainsi, toute personne peut boire
l’eau d’Evian toute sa vie, à tout moment de la journée.
Enfin, c’est une eau de très bonne qualité, dont le goût neutre
en fait une eau qui est même utilisée comme blanc de laboratoire!

Figure 1 : Composition de l'eau minérale naturelle Evian
Comment est constituée l’équipe qualité dans l’usine
Evian ?
50 personnes constituent l’équipe qualité sur le site. Parmi
ces personnes, Evian est la seule usine au monde à avoir une
équipe de « fontainiers ». Ils sont au nombre de 20, et ce
sont les seules personnes habilitées à être en contact avec
les zones de captages et le matériel en contact direct avec
l’eau. Les fontainiers sont rattachés au service Qualité.
Ils sont formés très spécifiquement et la rotation est rare.
Ils sont donc chargés de désinfecter et d’entretenir le matériel
en contact direct avec l’eau d’Evian, mais bien sûr ils ne
touchent jamais à l’eau.
Quels sont les contrôles qualité effectués ?
Nous obtenons en moyenne 300 résultats d’analyses microbiologiques
et chimiques par jour. Nous avons une cinquantaine de points
de prélèvements sur le réseau d’eau minérale et les équipements
d’embouteillage ; des bouteilles sont prélevées toutes les
2heures sur toutes les lignes pour des analyses microbiologiques
de routine ; à ces analyses de routine s’ajoutent des prélèvements
dès qu’il y a une intervention sur ligne ; Des écouvillonnages,
c’est à dire des prélèvements sur les machines, les bouchons,
les bouteilles sont aussi effectués tous les jours. Les contrôles
se font jusqu’à la limite de détectabilité technique sur de
très nombreux éléments, ce qui permet de s’assurer de la qualité
de l’eau Evian. Les analyses par nos laboratoires internes
sont complétées par 3 laboratoires externes: en Suisse, aux
Etats-Unis et en France, du fait qu’Evian s’exporte à travers
le monde.
En plus des analyses et contrôles routiniers, la DDASS vient
tous les 2 mois pour faire tous les prélèvements et les faire
analyser par son propre laboratoire.
Par ailleurs, tous les matins, environ 15 bouteilles sont
dégustées par 3 personnes du laboratoire spécialement formées
; de même il ya une dégustation par les opérateurs sur toutes
les lignes, à chaque début d’équipe (soit 3 fois par jour).
Les opérateurs contrôlent par ailleurs plus de 100 critères
visuels sur les produits.
Egalement, toutes les heures, 1 bouteille est prélevée sur
chaque ligne et gardée pendant 2 ans dans une hydrothèque.
Ceci assure une traçabilité parfaite. Si un client veut connaitre
ce qu’il y a dans sa bouteille d’eau, grâce au numéro de palette,
de lot, de ligne et d’heure et minute indiquée sur sa bouteille,
il peut demander à ce que l’analyse soit refaite sur la bouteille
de l’hydrothèque correspondant au même lot. C’est une sécurité
en plus des traces écrites de toutes les analyses.
De plus, pour chaque ligne, et il y en a 14 au total, et sur
les points de captages, il y a des « cahiers d’autocontrôles
» où tout ce qui est fait est noté. Le laboratoire fait des
bilans hebdomadaires de ces cahiers pour mettre en évidence
tout événement, les arrêts, les pannes, les nettoyages etc.
Il a été dit que les distributeurs d’eau potable faisaient
autant de contrôles que sur une eau minérale naturelle. Ce
n’est pas possible, et pour une raison toute simple : c’est
qu’il n’y a qu’une centaine de mètres de canalisations pour
une eau minérale contre des kilomètres de canalisations sous
terre sur les réseaux d’eau potable. Les contrôles ne peuvent
pas être les mêmes. De plus toutes les canalisations d’Evian
sont en acier inoxydable, ce qui n’est pas le cas pour l’eau
distribuée.
Et comment se passe le choix des fournisseurs ?
En ce qui concerne les fournisseurs de matériau en contact
avec l’eau (bouchon, bouteille,…), nous avons un protocole
d’homologation qui dure an. Cela nous garantie que le matériau
est parfaitement inerte et stable dans le temps.
En quel matériau sont vos bouteilles plastiques? Y
a-t- il un risque de migration de certaines substances ?
Toutes nos bouteilles sont en PET (Polyéthylène Téréphtalate),
qui est un matériau totalement inerte, homologué au contact
alimentaire par l’AFSSA et 100% recyclable. Il n’y a aucun
risque de migration avec le PET. Il y a malheureusement une
grande confusion avec certaines communications qui affirment
par exemple que les bouteilles disséminent dans l’eau qu’elles
contiennent des phtalates, un plastifiant chimique. Or nos
bouteille en PET ne contiennent pas de phtalates !
Combien y a t-il de lignes de production au total
et à quelle fréquence se fait le nettoyage ?
Il y 14 lignes d’embouteillage au total sur le site d’Evian
: 12 pour les bouteilles en plastique (formats : 33cl, 50cl,
75 cl, 1L, 1,5L et 2L). Une ligne est consacrée aux bouteilles
en verre et une autre pour les brumisateurs. Toutes les lignes
sont arrêtées pour être nettoyées et désinfectées de manière
complète chaque semaine. De plus, dès qu’il y a un arrêt de
plus d’un quart d’heure les équipements sont également désinfectés.
Le personnel de production est bien sur formé aux bonnes pratiques
d’hygiène et de sécurité alimentaire : il doit respecter un
certain nombre de règles, comme le passage dans un sas avant
d’entrer dans la salle des opérations, le lavage des mains
obligatoire, le port de blouse, de bottes, le masque et les
gants.
Quelle est la position d’Evian sur la protection de
l’environnement ?
En ce qui concerne la protection de l’environnement, la marque
Evian a l’ambition d’être carbone neutre d’ici 2011, comme
l’a annoncé Franck RIBOUD, PDG du groupe DANONE, fin 2008.
Ceci sera possible uniquement parce qu’Evian est déjà bien
avancé en terme de protection de l’environnement.
Tout d’abord au niveau du transport des bouteilles ; la «
logique environnementale » oriente l’ensemble des choix logistiques
d’Evian. Afin de réduire l’utilisation de camions, Evian privilégie
les expéditions de ses produits par le train. Le site d’Amphion
possède d’ailleurs le plus grand réseau ferré privé de France
avec 11 km de voies empruntés chaque jour par 150 wagons au
départ de l’usine. Cet aménagement spécifique permet à Evian
d’expédier 70% de ses volumes par le fer. En parallèle, les
transporteurs camions sont fortement sollicités pour mettre
en place des actions visant à réduire leur impact sur les
émissions de C02. Pour l’export, c’est le transport en bateau
par container qui est utilisé, et nous avons également fait
le choix de travailler avec des compagnies maritimes qui choisissent
de réduire la vitesse des bateaux, afin réduire leur empreinte
carbone.
Autre point au cœur de nos préoccupations : l’éco-conception
des emballages ; c’est une préoccupation historique pour Evian.
Au delà de la réduction du poids des bouteilles et des bouchons
(-20% en 10 ans et qui se poursuit), les bouteilles sont maintenant
fabriquées à base de PET recyclé. L'introduction de 25% de
rPET a permis de réduire notre empreinte carbone de 11% notre
empreinte totale. L’objectif de passer à 50% d'ici fin 2009,
permettra de réduire de 20% notre empreinte totale.
Les bouteilles ont souvent une mauvaise image et sont considérées
comme polluantes alors que leur impact CO2 est beaucoup plus
faible que la plupart des produits alimentaires, et qu’elles
sont entièrement recyclables, il suffit de les trier et les
bouteilles redeviennent ainsi des bouteilles !
La gestion et la valorisation des déchets est un élément important
du plan d’actions encadré par la certification ISO 14001 (certification
pour le management de l’environnement obtenue en mai 2000
et renouvelée tous les 3 ans). A ce titre, l’usine d’Amphion
est un site emblématique puisqu’il a atteint depuis 2008 un
taux record de 100% de tri et valorisation des déchets : plus
de 85% sont recyclés, sur une cinquantaine de filières de
recyclage parfaitement tracées, le reste est incinéré et l’énergie
est alors récupérée. Ces très bons résultats ont été atteints
grâce à la mise en place d’une politique de « tri dès l’origine
» : celle-ci va du tri effectué par les opérateurs sur toutes
les lignes de production jusqu’à celui du papier dans les
bureaux et est complétée par le travail d’un centre de tri
semi-automatique intégré de 10 000 m2 installé sur le site.
La collecte de tous les déchets, la finalisation du tri, le
conditionnement des déchets triés et leur expédition vers
des centres de valorisation agréés sont assurés par une équipe
de 10 personnes qui ont traité 7000 tonnes de déchets en 2008.
Ce centre dispose d’une presse de 80 tonnes, ce qui permet
de compacter les déchets et d’optimiser les balles de déchets…et
de gagner ainsi près de 25% sur le chargement des camions
en partance vers les filières de recyclage.
Dernier point concernant nos effluents et les économies d’eau
et d’énergie. Les effluents aqueux de l’usine d’Amphion sont
très peu polluants et traités par une station de prétraitement
sur le site. Notre ambition est de les rendre totalement neutres
grâce à un traitement par les plantes en installant sur notre
site industriel un parc végétal filtrant d’ici 2010.
Les économies d’eau et d’énergie font l’objet de programmes
réguliers de mesure et de réduction: nous devrions réduire
de 50% notre consommation d’eau industrielle entre 2008 et
2010. En terme d’énergie, nous avons un vaste projet en cours
avec l’objectif de réduire très significativement notre consommation
et d’utiliser toutes les énergies renouvelables possible,
pour atteindre la neutralité carbone du site d’ici 2011. |
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Synthèse
de l’ interview de Patrick LACHASSAGNE
Dans cette interview, Patrick Lachassagne détaille l’histoire
glacaire de la région d’Evian, qui explique la géologie des
sols et donc la composition de cette eau minérale, constante,
unique et naturelle. Les roches issues de la glaciation sont
de type granitique et les roches locales sont des calcaires
ou des dolomites. La minéralisation vient de la descente verticale
des eaux qui s’infiltrent dans les roches sédimentaires puis
de roches plus perméables, à raison de 1 à 2 centimètres parjour.
L’eau parcours la roche pendant près de 20 ans avant de rejoindre
la source Cachat. La zone de l’impluvium, située sur le plateau
de Gavot à 900 mètres d’altitude est encore difficile à délimitée,
mais des études sont en cours. Egalement des études sont menées
pour ne pas prélever plus que ce que la nature peut fournir. |
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Qu’est ce que l’impluvium de
la source d’Evian et comment s’est formée l’eau d’Evian ?
L’impluvium est la région où les eaux de pluie et de fonte
de la neige s’infiltrent dans le sol. L’impluvium de l’eau
d’Evian se trouve sur le plateau de Gavot, à 900 mètres d’altitude,
et a une superficie de 34 km².
Pour comprendre d’où vient l’eau d’Evian, il faut s’intéresser
à l’histoire géologique de la région.
Celle-ci débute il y a plusieurs centaines de millions d’années,
lorsque la région alpine constituait le fond d’un océan au
sein duquel se sont déposées différents types de roches, et
notamment des calcaires (carbonates de calcium) et des dolomies
(carbonates de calcium et de magnésium). Du fait de la tectonique
des plaques, cet océan s’est refermé, et les roches qui en
constituaient le fond ont été très fortement plissées et compactées.
Les derniers plissements datent d’une dizaine de millions
d’années.
Beaucoup plus récemment, lors de la dernière période glaciaire,
il y a environ 30 000 ans, le Rhône, qui traverse aujourd’hui
le lac Léman, était un fleuve de glace. Il constituait un
immense glacier qui occupait toute la dépression lémanique
entre les Alpes au Sud (et notamment le plateau de Gavot)
et le Jura au Nord. Le lac Léman n’existait pas. A cette époque,
l’extrémité de ce fleuve de glace a pu atteindre la ville
de Lyon, à plus de 150 km d’Evian.
Cet immense glacier constituait un barrage vis-à-vis de l’écoulement
des eaux de ruissellement en provenance des Alpes et plusieurs
lacs se sont ainsi formés dans la région d’Evian, au contact
entre les montagnes des Alpes et le glacier du Rhône. Des
sédiments (sables, argiles, etc.) se sont déposés au fond
de ces lacs. Ces sédiments ont formé les roches dans lesquelles
l’eau minérale d’Evian s’écoule aujourd’hui.
Au cours de sa longue histoire, ce glacier a eu des « hauts
et des bas », c'est-à-dire qu’il a pu alternativement enfler
et ainsi recouvrir partiellement le plateau de Gavot, à plus
de 900 m d’altitude, et fondre quasi totalement, avant de
disparaître et d’être remplacé par le Rhône et le lac Léman.
Lors de l’une de ses dernières périodes de gonflement, il
a déposé des « moraines de fond ». Ces roches sont très compactes
et de ce fait très peu perméables. Elles assurent la protection
du gisement de l’eau d’Evian en empêchant toute entrée d’eau
superficielle.
Comment a été délimitée la zone d’impluvium ?
Les contours de l’impluvium ont été délimités, au cours de
40 années d’études et de travaux de recherche, en utilisant
les différents outils dont disposent les hydrogéologues :
étude de la géologie, mesures géophysiques, étude des modalités
d’écoulement des eaux souterraines, mais aussi et surtout
grâce à des recherches approfondies sur la manière dont l’eau
minérale acquiert sa minéralisation (hydrogéochimie). Ainsi,
c’est plus d’une dizaine de thèses de doctorat qui ont été
réalisées sur le site d’Evian.
Aujourd’hui, on connaît les limites de l’impluvium. On sait
aussi qu’il y a plus de pluie et de neige en altitude, et
donc sur le plateau de Gavot, qu’au niveau du lac Léman. On
a aussi montré que, depuis les bords du plateau et jusqu’au
rivage du lac, les eaux de pluie et de neige ne peuvent que
ruisseler, à la fois du fait de la forte pente du sol et en
raison de la présence des moraines qui sont très peu perméables.
On a aussi pu montrer que seul un faible pourcentage des eaux
de pluie ou de neige précipitées sur l’impluvium s’y infiltre.
Leur grande majorité ne rejoint donc pas l’eau souterraine
minérale et s’écoule en surface dans les torrents.
Quel est le parcours de l’eau dans la roche ?
La première filtration des eaux de pluie ou de fonte des neiges
s’effectue au moment de leur infiltration (verticale) dans
les roches d’origine glaciaire du plateau de Gavot. Cette
filtration se poursuit ensuite lors du lent écoulement de
l’eau minérale, toujours au sein des roches d’origine glaciaire
(sables, argiles), vers la source Cachat, qui se situe à plus
de 30 m au dessus du Lac Léman et qui est la source principale
d’Evian. De la pluie ou de la neige à la source, le parcours
de l’eau prend plus de 20 ans, à raison de quelques dizaines
de centimètres par jour. Du fait de ce long temps d’écoulement,
une année de sécheresse a peu d’influence sur l’eau d’Evian,
puisqu’il y a un véritable lissage sur 20 années consécutives
(à une ou plusieurs années de sécheresse succèdent toujours
des années plus humides).
D’où vient la minéralisation de l’eau d’Evian ?
La minéralisation de l’eau se fait par contact avec la roche
glaciaire au sein de laquelle elle circule. Elle est rendue
possible par la longue durée de l’écoulement des eaux minérales.
La composition de l’eau minérale est donc directement liée
à la composition des roches d’origine glaciaire qui forment
le sous-sol du plateau de Gavot. L’eau minérale naturelle
Evian tire son caractère unique du mélange entre les sables,
les blocs de granite et de schistes apportés par le glacier
du Rhône et les calcaires et les dolomies d’origine locale.
Les calcaires et les dolomies lui apportent notamment ses
bicarbonates, son calcium et son magnésium.
Quelles sont les caractéristiques d’une eau minérale
naturelle ?
Une eau minérale naturelle se caractérise par plusieurs spécificités.
D’abord, il ne peut s’agir que d’une eau souterraine, donc
naturellement filtrée et non traitée.
Par ailleurs, une eau minérale naturelle présente une composition
naturelle (minéralisation) parfaitement stable dans le temps,
du fait de la très longue durée des échanges entre l’eau et
la roche.
Une troisième caractéristique importante des eaux minérales
naturelles est leur protection naturelle. A Evian, cette protection
est assurée par les moraines très peu perméables qui empêchent
toute communication entre les eaux de pluie et l’eau minérale
en dehors de l’impluvium.
Un autre critère important est la « pureté originelle ». L’eau
minérale naturelle doit être protégée de tout risque de pollution
d’origine humaine ; en outre, elle ne doit subir aucun traitement
chimique. C’est ce qui explique la très faible teneur en nitrates
de l’eau d’Evian (3,7 mg par litre), qui sont d’origine naturelle.
Cela explique qu’elle soit recommandée pour les bébés (l’AFSSA
et l’OMS recommandent de leur donner une eau comportant moins
de 10 mg/l de nitrates), alors que la réglementation de l‘eau
potable est à 50 mg/L.
Enfin, c’est une eau qui peut avoir des effets reconnus pour
la santé, c’est le cas d’Evian qui a reçu un avis favorable
de l’Académie de Médecine et du Ministère de la Santé en 1878.
Quels sont les mesures de sécurité prises au niveau
des forages ?
A la fin de son long parcours à travers les roches, l’eau
evian émerge en différents points à une température constante
de 11,6° C. Elle est extraite soit par forage (de 25 à 150
mètres de profondeur), soit directement récoltée à la source
lorsqu‘elle jaillit à la surface naturellement sous pression;
elle est ensuite acheminée jusqu’à l’usine d’embouteillage
dans des conduites agréées par le Ministère de la Santé (acier
inoxydable de haute qualité). Depuis son captage jusqu’à sa
mise en bouteille, l’eau d’Evian ne subit ni traitement, ni
intervention humaine et n’est jamais en contact direct avec
l’air ambiant, il est de notre devoir d’embouteilleur de préserver
l’eau intacte de la source à la bouteille.
Toutes les installations de captage et d’acheminement de l’eau
minérale sont inspectées quotidiennement et surveillées en
continu (télésurveillance) par l’équipe des « fontainiers
», rattachée au service Qualité de l’usine d’Evian. Seuls
les fontainiers sont habilités à entrer dans les zones de
captages et à gérer l’entretien des équipements qui acheminent
l’eau minérale.
Chaque jour des échantillons sont prélevés en plus de 20 points
différents sur le réseau entre les captages et l’embouteillage
pour surveiller la qualité microbiologique et chimique de
l’eau.
La zone d’émergence est également protégée, depuis 1926, par
une DIP (Déclaration d’Intérêt Public) qui interdit, à proximité
des sources, toute activité pouvant nuire à la qualité de
l’eau minérale. Aux protections naturelle et technique se
surajoute donc une protection juridique.
Comment savoir quelle quantité d’eau vous pouvez prélever
pour que la source doit durable ?
C’est un travail complexe, mais qui constitue le cœur du métier
de l’hydrogéologue : une partie de mon travail consiste à
évaluer la quantité d’eau qui s’infiltre pour ne pas exploiter
plus que ce que la nature nous donne. Il nous arrive ainsi
de ne pas pouvoir satisfaire la demande. Afin de garantir
que la ressource ne s’altère pas, et d’en pérenniser ainsi
l’utilisation pour les générations futures, Evian ne prélève
toujours moins que la quantité d’eau que la nature renouvelle
chaque année.
Comment s’effectue la datation de l’eau, quels sont
les procédés utilisés ?
Comme vous l’avez vu, le parcours de l’eau minérale, et plus
précisément la durée de ce parcours, sont connus grâce à de
nombreuses études scientifiques. Le principal outil utilisé
pour dater l’eau minérale lors de son arrivée à la source
est l’hydrogéochimie. La silice constitue ainsi un bon indicateur
de temps de parcours du fait de sa dissolution très lente.
D’autres outils hydrogéochimiques ont par exemple permis de
confirmer l’altitude de l’impluvium. |
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